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Au-delà des apparences : le tabac

37% des cigarettes vendues dans nos tabacs sont des légères, des superlégères ou des ultralégères... Les “lights” pour faire plus sérieux, comme le dit la publicité ! Pourquoi cet engouement soudain ? Les fumeurs auraient-ils mauvaise conscience ? Ou prendraient-ils plus de précautions pour leur vie. Fumer des légères, c’est à dire des “douces”, donc des “allégés”, à l’instar des autres produits allégés, n’est-ce pas “meilleur pour sa propre santé” ? Pourquoi ne pas les envisager également comme une étape évidente vers le sevrage ?
Mais au fait, ces cigarettes sont-elles indiscutablement moins nocives ? Sûrement... puisqu'il paraît qu'elles sont fabriquées avec ces louables intentions.
Certes, ces cigarettes contiennent des tabacs soigneusement sélectionnés pour diminuer la production de goudrons. Mais est-ce suffisant ? La fumée du tabac contient plus de 4000 produits chimiques -vous avez bien lu quatre mille !-, dont plus de 50 sont des carcinogènes (en d’autres termes de cancérigènes) connus.
Certes, ces “lights” sont plus fines, donc moins riche quantitativement en tabac. Elles possèdent un filtre plus poreux ou plus long, propre à retenir les particules pernicieuses de la fumée. Tout serait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. Ce que confirment sans contestation les évaluations effectuées par la machine à fumer du Laboratoire national d'essais.

Il y a seulement... un hic. Du moins plusieurs... Et de taille ! Le premier est dans la machine à fumer inventée spécialement pour les tests. Quand on l’observe “fumer”, on constate qu’elle tire mécaniquement une bouffée par minute... Et ce n’est pas tout. Le volume de fumée aspirée à chaque “bouffée” est de... 35 ml, seulement. Avez-vous déjà vu, de vos yeux vus, un fumeur tirer ainsi ? Quelle surprenante méthodologie !..
De son côté, l'Institut National de la Consommation (INC) a recensé dix-huit études sur le comportement des fumeurs. Le volume de la bouffée de cigarette standard se situe entre 21 et 66 ml, suivant les habitudes individuelles, soit une moyenne de 43 ml. 8 ml de plus que la norme officielle à chaque bouffée... Quand on sait le nombre de bouffées que tire un fumeur invétéré par jour, la différence n’est pas rien.
En outre, toujours selon l’INC, le temps qui sépare deux bouffées a été estimé, par vingt-quatre études cette fois, entre 18 et 64 secondes, soit une moyenne de 28 secondes. Voilà quasiment le double de la norme utililisée par le Laboratoire officiel. Bien sûr, nous ne dirons pas qu'on a cherché à minimiser quelque chose, que les testeurs se sont laissés influencer par les cigarettiers... Bien que cela lui ressemble. Laissons-leur le bénéfice du doute, laissons nos “neutres” évaluateurs repenser leur approche très vite.

Le second hic est que -bonne ou mauvaise conscience aidant- les fumeurs de légères fument en fait plus de cigarettes chaque jour. Où est alors le bénéfice ? Le manque de nicotine, lui, y est certainement pour quelque chose. Il faut bien compenser quelque part pour avoir sa dose journalière. Une question vient alors à l’esprit. Les fabricants ne trompent-ils pas les fumeurs ? En proposant une alternative artificielle dite “douce”, en jouant avec les évidences immédiates propres à chacun, ne les maintiennent-ils pas en fait dans une situation de grande dépendance ?
Le troisième hic pourrait le confirmer. Les fumeurs "tirent" plus -beaucoup plus- sur leur cigarette, autre compensation inconsciente. D'autres études plus fines et tout aussi sérieuses montrent que les cigarettes ligth incitent le fumeur à prendre des bouffées plus nombreuses. Un fumeur de cigarette normale effectue machinalement 12,5 bouffées et avale 546 ml de fumée par cigarette, alors que celui d'une légère en fait 15,5 et engrange par là : 868 ml de fumée. Soit un gain -néfaste- de + 37 % par rapport à une cigarette normale !

Si on suit la méthode d’évaluation préconisée par l’INC, le consommateur d'ultra light absorberait onze fois plus de goudron et 4,9 fois plus de nicotine que ce que laissent supposer les indications officielles.
Et comble de tout, parce que qu’on n’est pas encore au bout... de la cloppe, l'inhalation de chaque bouffée s’avère plus profonde. Le manque de nicotine toujours, ou tout simplement un filtre plus fin donc plus résistant à l’aspiration. La conséquence est dramatique : le fumeur de “supposée” légère fait pénétrer la fumée plus loin dans ses bronches et ses avéoles. Les goudrons passent plus facilement dans le sang avec les conséquences que l’on connaît sur le coeur ou les vaisseaux sanguins ou simplement sur les autres performences physiques. Les divers produits cancérigènes peuvent s’attaquer plus facilement à des membranes vivantes moins protégées. Les cancers des poumons qui en résultent sont, de l'avis des cancérologues, plus insidieux, plus profonds, plus vite généralisés.
Où est alors le bénéfice du ligth (bis) ? Pas toujours où l'on croit spontanément. Sans doute chez les cigarettiers qui vendent plus de paquets (confectionnés avec moins de matière première) et plus chers...

Pour information
En France, le tabac cause plus de 60 000 décès annuels, soit un décès sur neuf. Un fumeur régulier sur deux ayant commencé à fumer à l'adolescence mourra victime du tabac. 50 % d’entre eux décèderont avant 69 ans selon le Ministère de la Santé.
La Communauté Européenne avance le chiffre de 2 millions de morts par an en Europe.
Le tabagisme des 12-19 ans est particulièrement préoccupant. En moyenne, 28,8 % des jeunes fument. Mais ce pourcentage progresse beaucoup avec l’âge. Selon le baromètre Santé-Jeunes 1997 (CFES), 51,4 % des jeunes de 19 ans déclarent fumer. (AG)
Un paquet de cigarettes par jour (20 cigarettes) produit à la fin de l’année une tasse à café de goudron. Merci les poumons ! Résultat une espérance de vie réduite de 5 ans pour le fumeur.
Pour votre conjoint ou vos enfants, même s’ils ne fument pas, il respire l’équivalent de 5 cigarettes s’ils vivent dans la même pièce que vous... (AG).